Au temps de la surface brillante, lisse et froide régit par la main qui swipe, clique et tapote, La Volante a choisi de mettre en avant la main du labeur artistique.
La main humide du bain révélateur, la main obscurcie par la lumière rouge de la chambre noire, la main noircie du fusain, coloriée du pastel, la main caressante du papier, la main lestée du poids de l’appareil photographique… in fine la main engagée dans l’acte créatif.
Avec « Photography and more », le credo de La Volante, il s’agit ici du plus : plus loin que la photographie avec des oeuvres hybrides, plus avant dans l’engagement de l’artiste qui intervient, manipule et fabrique lui-même.
Précédemment, le texte de l’exposition Volutes (newsletter du 12 /08) citait la chorégraphe A.T. de Keersmaeker comme source d’inspiration. L’emprunt fait référence au-delà de la perception spatiale, à l’engagement du corps de l’artiste dont la main est l’outil et le vecteur le plus utilisé, la main première initiatrice de l’acte créatif et la main dernière de la touche finale de l’oeuvre.
Les mains de … Pierre Bourrigault.
Fruit d’un long processus, ses dessins délicats, d’après photographies, sont coloriés au crayon sur un papier japonais, le Washi. Le papier Washi, à a base d’écorce de mûrier, est une tradition du VIe siècle, classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 2014, encore perpétrée dans trois régions du Japon. Pierre Bourrigault contribue au processus de fabrication à la Villa Agostini en Toscane. L’artiste raconte poser les traits et la couleur en s’adaptant à la texture, au relief et à la carnation du papier.
Les mains de… Camille Vignaud
L’artiste réalise des photogrammes et des photographies qu’elle tire elle-même à partir de papiers anciens chinés, porteurs d’autres histoires et d’aléas. Sa main poudre à l’or, porte la plume et ainsi « les papiers, les fragments d’image, les mots, le graphite, l’or et la lumière sont à la fois les vecteurs et les révélateurs qui lui permettent de recomposer souvenirs et émotions. »
Les mains de … Dhagpo Lobsang
Après des années de formation auprès du photographe Sebran d’Argent, le photographe est passé maître dans l’art du tirage noir et blanc et couleur. L’artiste tire ses paysages fanstamatiques avec une subtile variété de nuances. En repoussant les frontières de la photographie, il crée des oeuvres charnelles à la limite de la peinture.
Les mains de … Dana Cojbuc
Dans la série Yggdrasil, l‘artiste travaille en deux temps. D’abord elle photographie puis intervient au fusain, au pastel et à la pierre noire sur le tirage. Elle dit ainsi : « la photographie enregistre mon regard et le dessin offre une nouvelle expérience où se nouent et se raniment mes mémoires (…) Les traits de fusain tracés dans la continuité de la photo lui confèrent l’aspect d’un dessin amenant le spectateur en dehors du cadre photographique. ».
